Des pharaons au colonnes d’Hercule

La navigation un don du Nil ?

À l’époque des pharaons, l’ Égypte vit en autarcie. Le pays est riche, autosuffisant et peut, pour le superflu, se contenter d’un commerce passif. Et puis l’État est centralisé à l’extrême, le moindre voyage y dépendrait directement du souverain. Et si la navigation maritime commence, en Occident, dans la moitié du IIIe millénaire avant notre ère, ces bateaux sont égyptiens par leur forme et leur financement, mais probablement déjà construits et fournis en équipage par ceux que l’on appelle alors Cananéens- des Syro-Libanais.

Le bateau égyptien est à fond plat, proues et poupes relevées et reliées par un câble. Il a d’abord été fait de faisceaux de papyrus liés ensemble, puis de sycomore ou de l’acacia de la haute Égypte. Lorsqu’il quitte enfin son Nil natal, il est construit en cèdre, mais il n’a plus d’égyptien que sa forme. De Byblos, il ramène des cèdres, de la Mer Morte, du bitume, de Syrie, de l’huile puis du vin. Mais est-ce déjà un navire ou simplement le chariot flottant avec lequel on fait ses courses ?

Le vrai navire naît un peu plus tard, au IIe millénaire, dans les Cyclades. Il a des voiles, des rames, un éperon, mais surtout une quille, qui l’arrime à la mer; c’est le bateau égéen. La navigation, en Méditerranée occidentale, peut commencer. Mais au XIIe siècle avant notre ère, la civilisation, l’Histoire s’arrêtent: c’est le trou noir. La navigation, comme le reste a sombré. Il y aura deux autres aires de développement d’un art nautique: de Madagascar à l’île de Pâques, celle de la pirogue à balancier et, en Extrême-Orient, celle de la jonque à fond plat.

Le bateau d’Ulysse

Au VIIIe siècle, le Proche-Orient connaît une nouvelle prospérité et part à la conquête maritime, de la Méditerranée occidentale. Bientôt, la Méditerranée est sillonnée dans toute son étendue du Levant aux colonnes d’Hercule, c’est-à-dire, au détroit de Gibraltar.

Les Phéniciens y tracent trois lignes parallèles. L’une est celle de cabotage, le long des littoraux du Nord; les îles grecques jusqu’à Corfou, le « canal » d’Otrante, la côte des Pouilles et de Calabre, jusqu’au détroit de Messine.. la deuxième est pareillement côtière, d’Égypte aux colonnes en passant par la Libye. Mais la troisième est en droiture, en plein milieu de la mer, qu’elle traverse, d’une île à l’autre, comme à gué: Chypre, la Crète, Malte, la Sicile, la Sardaigne, les Baléares…

À l’époque hellénistique, quand le vent est bon, on arrive à relier en quatre jours Rhodes à Alexandrie d’Égypte.  Dotés d’un, deux ou trois mâts, les navires de commerce romains ont un gouvernail à deux rames latérales, de part et d’autre de la poupe. Le gouvernail d’étambot, celui que nous connaissons encore, unique, central, situé dans le prolongement de la poupe, n’apparaîtra que vers le XIIe siècle après Jésus-Christ.

Au-delà des colonnes d’Hercule

Au XIIIe siècle, la navigation hauturière se dote d’un outil adéquat qui fournit, en mesurant la hauteur de la Polaire sur l’horizon, une bonne approximation de la latitude: c’est l’astrolabe. Et l’on sort de la Méditerranée autrement que de façon aventureuse: en 1297, les naves génoises établissent des relations régulières avec Bruges.

Mais la navigation reste saisonnière, l’hiver est l’ennemi. Il faut attendre les XVe et XVIe siècles et la coque « à clin » pour triompher du mauvais temps. Les caraques génoises jaugent maintenant de 1 000 à 1 500 tonnes. Mais c’est précisément l’époque où, après la guerre de Chioggia, Venise l’emporte définitivement sur Gênes et devient, jusqu’au début des guerres d’Italie, le centre des échanges méditerranéens.

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