Marchand ou marchant ?

Le marchand est d’abord un marcheur. On s’attendait à trouver dans l’un l’étymologie de l’autre, là où, entre « marchand » et « marchant », il n’y a pourtant pas d’homonymie. les deux activités sont tellement liées que, longtemps, on appellera, dans l’Angleterre normande, « cours » de pieds poudreux » (piepowder) les tribunaux chargés des petits litiges du commerce.

Au Moyen Age, en effet, on ne peut pas attendre chez soi la clientèle, pas plus qu’on ne peut s’approvisionner en passant commande par écrit. Il faut aller chercher les marchandises aux lieux où on les trouve en abondance et à bon prix, puis les transporter avec soi jusqu’aux endroits où existe une clientèle solvable. Là, on mettra le fruit de la vente dans l’achat d’autres denrées avantageuses que l’on ira proposer plus loin.

C’est une existence errante, c’est aussi une vie dangereuse. Il y a des brigands de toutes sortes sur les routes, il y a des préposés aux péages qui ne valent guère mieux, et il n’est pas facile de se faire payer par ses clients de la noblesse, qui tirent l’épée plus promptement qu’ils ne sortent leur bourse. Aussi faut-il s’unir, puisque l’union fait la force. On ne se déplace qu’en caravane et lorsque l’on a trouvé suffisamment de personnes pour aller dans la même direction. Chemin faisant, on parle, et chacun profite de l’expérience des autres concernant tel ou tel marché, ce qui peut aboutir à une mise en commun de capitaux pour acheter à meilleur prix.

Aux carrefours des principaux itinéraires commerciaux ont lieu les foires. Des agglomérations nouvelles, que l’on appelle bourgs ou bourgs neufs, s’adossent aux murailles des châteaux ou des monastères qui, par la circulation qu’ils entraînent à la faveur des pèlerinages, la garnison qu’ils abritent ou la richesse de leurs occupants, offrent à la fois des clientèles et des moyens de défense. Ces bourgs, ouverts, nés de la route, s’organisent autour d’une place où se tient un marché hebdomadaire, tandis que des auberges s’étirent le long des axes de circulation. les pas du marchand dessinent la ville comme ses itinéraires dessinent le pays.

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1 réflexion au sujet de « Marchand ou marchant ? »

  1. Article intéressant comme tous les autres . On découvre au fur et à mesure, le sens du mot « voyage ».

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